Quels types de services sont offerts dans les Centres Intégrés Universitaires de Santé et Services sociaux — Centres Intégrés de Santé et Services sociaux (CIUSSS-CISSSS) ?
Dans l’ensemble du Québec, les établissements du réseau de la santé et des services sociaux sont regroupés en 9 Centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux (CIUSSS) et en 13 Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS).
Dans un CIUSSS ou un CISSS, on retrouve un ou des centres hospitaliers (CH), des centres locaux de services communautaires (CLSC), des centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD), des centres de protection de l’enfance et de la jeunesse (CPEJ) et des centres de réadaptation (CR) et diverses autres ressources.
Depuis une dizaine d’années, le ministère de la Santé et des Services sociaux a réorganisé les services en santé mentale en trois lignes. En voici la description[1] :
La première ligne
Le premier niveau d’accès aux services est celui des services de première ligne. Les services de première ligne sont des services universellement accessibles qui servent à promouvoir la santé, à prévenir les maladies et à offrir des services diagnostics, curatifs et de réadaptation à toute la population. Ces services visent à répondre à des problèmes de santé ou à des problèmes sociaux usuels et variés et doivent être offerts près des milieux de vie des personnes.
Les services de première ligne en santé mentale sont de deux ordres : des services généraux offerts à toute la population et des services de première ligne spécialement destinés à la santé mentale.
Les services de première ligne sont offerts par les CSSS, les cliniques médicales, les groupes de médecine de famille (GMF), les psychologues en milieu scolaire ou en cabinet privé et certains organismes communautaires, et pour les cas urgents, par les centres hospitaliers. Dans les CSSS, les équipes de santé mentale, en collaboration étroite avec les professionnels de leur territoire (médecins et intervenants psychosociaux), particulièrement ceux des GMF, pourront traiter en première ligne la majorité des personnes après que celles-ci aient été évaluées au guichet d’accès.
La deuxième ligne
Le deuxième niveau de services regroupe les services de deuxième ligne qui soutiennent les services de première ligne. Sauf exception, les personnes qui accèdent à ces services devraient y avoir été dirigées par un intervenant des services de première ligne.
Les services de deuxième ligne font appel à une expertise spécialisée. Ils doivent soutenir les équipes de première ligne et traiter les personnes qui ne peuvent recevoir un traitement adéquat à ce niveau.
Les services de deuxième ligne sont offerts par les CSSS, par certains organismes communautaires et par tous les centres hospitaliers qui offrent des services psychiatriques. Si l’on se réfère à la gamme de services du présent plan d’action, les services de deuxième ligne sont les suivants : l’évaluation et le traitement spécialisés, l’hospitalisation et le suivi intensif.
Ils incluent également le soutien spécialisé pour les enfants et les jeunes.
La troisième ligne
Le troisième niveau d’accès, soutenant le premier et le deuxième niveau, est celui des services de troisième ligne. Ces services sont offerts dans un nombre limité d’endroits et sont accessibles seulement aux personnes qui sont orientées à partir d’un autre niveau de services. Ils s’adressent à des personnes ayant des problèmes de santé très complexes, dont la prévalence est faible, ou dont la complexité requiert une expertise qui ne peut être offerte par les services de deuxième ligne.
Entrées dans le réseau public
Il existe différentes portes d’entrée afin d’avoir accès à de l’aide du réseau public en santé mentale.
Demande au CLSC
Le centre local de services communautaires (CLSC) reçoit les personnes qui se présentent et offrent des services d’accueil, évaluation, orientation et référence (AEOR). On peut se présenter sans rendez-vous ou téléphoner pour en prendre un afin de s’assurer d’être rencontré au moment où l’on se présentera.
Guichet d’accès en santé mentale (GASM)[2]
Selon les orientations du ministère, le guichet constitue la principale voie d’accès en matière de soins et services en santé mentale. Le guichet c’est généralement un des professionnels en santé mentale du CISSS-CIUSSS qui évalue les besoins de la personne afin que le réseau public offre « le bon service à la bonne personne, par le bon intervenant, au bon moment, pour la bonne durée et au bon endroit »[3]. Ces services peuvent être nombreux.
La demande d’évaluation peut provenir d’un médecin de famille, d’un professionnel de la santé et des services sociaux ou d’un intervenant d’un organisme communautaire ayant une entente avec le CISSS-CIUSSS.
Centre de crises et Urgence
Dans plusieurs régions du Québec, les CISSS-CIUSSS disposent de deux services pour répondre à certaines situations très problématiques : l’urgence psychiatrique dans un centre hospitalier et le centre de crise logé dans la communauté.
Le centre de crise[4] offre un hébergement temporaire à très court terme pour permettre à la personne de se ressaisir pour éventuellement reprendre son quotidien dans de meilleures conditions.
L’Urgence accueillera des gens qui ont des difficultés majeures qui, si elles ne se résorbent pas, peuvent mener à une hospitalisation.
La confidentialité
Des personnes de l’entourage peuvent vouloir contribuer au processus menant au diagnostic ou vouloir connaître le diagnostic. L’article 19 de la Loi sur les services de santé et les services sociaux[5] protège la confidentialité du patient (sauf dans certaines situations très spécifiques) :
Le dossier d’un usager est confidentiel et nul ne peut y avoir accès, si ce n’est avec le consentement de l’usager ou de la personne pouvant donner un consentement en son nom.
Dans le Plan d’action en santé mentale 2015-2020[6], on distingue clairement le fait d’écouter ce que l’entourage veut communiquer et le fait de révéler le diagnostic quand la patiente ou le patient veut conserver la confidentialité à propos de son état de santé.
Encore aujourd’hui et malgré la reconnaissance de l’importance de leur rôle, des membres de l’entourage des personnes atteintes d’un trouble mental n’ont pas le sentiment de participer à la mesure des responsabilités qu’ils assument. Dans l’exercice de leur rôle d’accompagnateur, des proches sont maintenus à distance de l’équipe soignante ou des intervenants, ce qui rend difficile la transmission d’information ou d’observations pouvant être utile à l’évaluation de l’état clinique de la personne qui reçoit des soins. Il semble que certains intervenants refusent d’écouter les membres de l’entourage, un comportement qu’ils justifient par le respect de la confidentialité. Pourtant, l’écoute ne brime en rien les droits de la personne utilisatrice de services. De plus, le Code de déontologie des médecins du Québec, comme celui d’autres professionnels de la santé, fait état de l’obligation qu’ont ces derniers de collaborer avec les proches du patient ou avec toute autre personne qui montre un intérêt significatif pour celui-ci.
L’implication de membres de l’entourage contribue à une diminution de la détresse psychologique de ceux-ci tout en réduisant le nombre de rechutes chez la personne atteinte de maladie mentale. Cette implication doit être promue et favorisée dans les établissements responsables d’offrir des soins et des services en santé mentale. À cette fin, les intervenants doivent être sensibilisés à l’importance de la contribution des membres de l’entourage et informés sur les différentes façons de favoriser et de soutenir leur implication, tout en respectant la volonté exprimée par la personne qui reçoit des soins.
De plus, les membres de l’entourage doivent être informés sur les ressources communautaires qui leur sont destinées et y être dirigés en cas de besoin. Une attention particulière doit être accordée aux enfants dont un parent (parfois les deux) est atteint d’un trouble mental afin que ces enfants bénéficient d’un soutien et d’un accompagnement adéquats.
Aide offerte dans le réseau public
Les CISSS-CIUSSS ont une panoplie de programmes et services offerts aux personnes vivant avec un problème ou un trouble de santé mentale. La liste qui suit n’est pas exhaustive et certains des services ne sont pas offerts dans toutes les régions du Québec. Il arrive aussi que des programmes et services soient offerts par le réseau des organismes communautaires spécialisés en santé mentale et plus rarement, par le réseau privé.
Afin de favoriser le suivi médical dans la communauté de la personne vivant avec un problème ou un trouble stabilisé de santé mentale, un ou une psychiatre répondant conseille les omnipraticiens. La ou le médecin de famille peut donc ajuster ou renouveler la médication si nécessaire ou orienter la personne vers des ressources pouvant l’aider.
Accepter ou non de prendre de la médication peut devenir un enjeu important pour la personne à qui l’on a prescrit des pilules. Les médicaments arrivent à diminuer totalement ou en partie les symptômes et les effets du problème de santé mentale pour un bon nombre de personnes. Par contre, pour certaines personnes les effets secondaires ne sont pas toujours faciles à contrôler et l’absence des symptômes initiaux peut inciter la personne à délaisser la médication. Un arrêt brusque de la prise de médicaments peut avoir des conséquences graves.
Dans les années 90, une équipe de recherche et des organismes communautaires mettent au point une approche alternative de Gestion autonome de la médication (GAM)[7] :
Le but de la Gestion autonome de la médication en santé mentale est de permettre à la personne qui prend des médicaments de se rapprocher d’une médication qui lui convient et qui s’intègre dans une démarche plus large d’amélioration, de mieux-être et de reprise de pouvoir sur sa vie. Elle implique l’accès à toute l’information nécessaire concernant la médication et les alternatives.
Le Plan d’Action en santé mentale 2015-2020[8] en fait aussi mention.
Dans les services de première ligne en santé mentale, des services de psychothérapies à très court terme sont offerts, la plupart du temps pour accompagner la personne dans son évolution face à la problématique qui l’a amenée à consulter. Cela pourrait être de la thérapie individuelle, de couple et familiale. On peut aussi offrir de l’information sur la maladie, ses traitements, sa médication et du soutien à l’autogestion des moyens à prendre pour s’aider.
Le ministère de la Santé et des Services sociaux suit les travaux effectués par l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) sur les différents modèles permettant d’améliorer l’accès à des services de psychothérapie et les modalités de financement à mettre en œuvre à cette fin[9].
L’hospitalisation est parfois nécessaire pour permettre à la personne de récupérer suffisamment. Pour arriver à stabiliser l’état de la personne, il faut, dans certaines situations, utiliser de la médication et prendre le temps nécessaire pour en voir les effets positifs ou non. Diverses activités thérapeutiques sont proposées afin que la personne commence ou maintienne des objectifs de rétablissement.
- Consultation externe en clinique de psychiatrie
La consultation externe de psychiatrie effectue des évaluations psychiatriques, des consultations et des suivis. Elle assure également le traitement de cas plus complexes.
- Soutien d’intensité variable
Le soutien d’intensité variable (SIV) s’adresse à des personnes aux prises avec des troubles mentaux graves, mais dont le niveau de difficulté est en général moins important que celui des personnes visées par le suivi intensif, ce qui n’exclut toutefois pas des périodes de grande fragilité. La clientèle desservie a des besoins de réadaptation et de soutien.
- Suivi intensif dans la communauté
Le suivi intensif s’adresse aux personnes ayant un trouble mental grave et dont la condition est instable et fragile. Ce suivi représente une mesure très structurante qui vise le maintien dans la communauté. Ce service est destiné à la clientèle ayant des besoins de traitement, de réadaptation et de soutien.
Différents types d’hébergement transitoire, à moyen ou à long terme peuvent être proposés à la personne qui n’a pas l’autonomie nécessaire pour vivre seul ou en famille. Cela pourra être des appartements supervisés, appartements partagés ou des ressources de type familial ou intermédiaires tels que des centres d’accueil. Plusieurs hébergements sont aussi proposés par des organismes communautaires.
Certains CISSS-CIUSSS offrent des services spécialisés autour d’une thématique. En voici une liste (incomplète) qui permet de voir l’étendue des problèmes abordés :
Alzheimer et autres formes de démence
Déficience intellectuelle avec psychopathologie
Dépression
Gérontopsychiatrie
Psychiatrie légale
Psychiatrie périnatale
Psychiatrie et toxicomanie
Psychosomatique
Sommeil
Troubles anxieux et de l’humeur (entre autres, bipolarité)
Troubles de l’alimentation
Troubles du comportement sexuel
Troubles du spectre de l’autisme
Troubles psychotiques (entre autres la schizophrénie)
Troubles relationnels
Troubles sévères de personnalité
Équipe mobile d’évaluation de situation de crise
Programme d’interventions pour premier épisode psychotique (PIPEP)
Programme d’accompagnement justice et santé mentale
Programme d’intégration socioprofessionnelle
Programme d’itinérance et santé mentale
Les CISSS-CIUSSS offrent aussi des services spécialisés en pédopsychiatrie qui rejoignent les enfants vivant des problèmes lorsqu’ils sont repérés dès leur plus jeune âge.
[1] Plan d’Action en santé mentale 2005-2010, p. 25 https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2005/05-914-01.pdf
[2] Le guichet d’accès en santé mentale pour la clientèle adulte des CSSS : https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2008/08-914-08.pdf
[3] Plan d’Action en santé mentale 2005-2010, p. 14 https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2005/05-914-01.pdf
[4] Pour en savoir plus sur les centres de crise et leur fonctionnement : https://www.centredecrise.ca/lescentres
[5]http://legisquebec.gouv.qc.ca/fr/ShowDoc/cs/S-4.2
[6] Plan d’Action en santé mentale 2015-2020, p. 19 : https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/document-001319/
[7] http://www.rrasmq.com/GAM/presentation.php
[8] Plan d’Action en santé mentale 2015-2020, p. 18 : https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/document-001319/
[9] Plan d’Action en santé mentale 2015-2020, p. 41 : https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/document-001319/
J’ajouterais les effets positifs qu’une bonne prise de médication peut apportée pour balancer l’impact du message