Introduction

C’est souvent un choc de découvrir ou de se faire confirmer que soi-même, un des membres de notre famille ou un ou une de nos proches vit avec un important problème de santé mentale. Débute alors la recherche d’informations, d’aide et d’entraide pour mieux comprendre la situation. On cherche ensuite (et parfois en même temps !) des solutions pour diminuer ce qui perturbe la santé mentale. On espère une évolution qui mène à un rétablissement et qui améliore la qualité de vie de la personne affectée… et de tous les gens concernés dans son entourage.

Au Québec, il existe des services, des programmes et des activités dans le réseau de la santé, dans les réseaux communautaires et dans le privé pour aider les gens aux prises avec des difficultés. Il est parfois difficile de s’y retrouver. Il est aussi parfois difficile de comprendre les questions, observations, suggestions, décisions qu’on nous propose tout au long de notre recherche d’une meilleure qualité de vie.

Dans ce site web, vous découvrirez des informations sur le milieu québécois de la santé mentale qui vous permettront (nous l’espérons) de comprendre un peu mieux ce qui vous est offert. Vous pourrez entendre et voir des témoignages de gens vivant ou ayant vécu des troubles de santé mentale et vous constaterez que de nombreuses ressources connexes permettent d’améliorer des conditions de vie.

Santé mentale : commençons par parler de définition

Dans certaines situations, c’est l’évidence : la personne souffre d’une maladie mentale. Dans d’autres, c’est moins évident. Est-elle malade ou non ? Définir ce qu’est la santé mentale et surtout ce qu’est une bonne santé mentale est un exercice qui nous amène à découvrir que la santé mentale, ce n’est pas aussi simple qu’on pourrait le penser. Allons-y par étape en commençant par établir ce qu’est la santé mentale.

D’abord, en cherchant à être inclusive des cultures sur notre planète, l’Organisation mondiale pour la Santé (OMS) en est arrivée à cette définition :

La santé mentale est une composante essentielle de la santé. La Constitution de l’OMS définit la santé comme suit :

« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Cette définition a pour important corollaire que la santé mentale est davantage que l’absence de troubles ou de handicaps mentaux.

La santé mentale est un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté. Dans ce sens positif, la santé mentale est le fondement du bien-être d’un individu et du bon fonctionnement d’une communauté.

La santé et le bien-être mentaux sont indispensables pour que l’être humain puisse, au niveau individuel et collectif, penser, ressentir, échanger avec les autres, gagner sa vie et profiter de l’existence. (…) [1] »

En 1989, le Comité de la santé mentale du Québec adoptait la définition qui suit et qui exprime bien l’aspect dynamique de santé mentale qui se vit au quotidien :

La santé mentale définie brièvement comme l’état d’équilibre psychiqued’une personne à un moment donné, s’apprécie, entre autres, à l’aide des éléments suivants : par le niveau de bien-être subjectif, l’exercice des capacités mentales et la qualité́ des relations avec le milieu.

Elle résulte d’interactions entre des facteurs de trois ordres : des facteurs biologiques, relatifs aux caractéristiques génétiques et physiologiques de la personne, des facteurs psychologiques, liés aux aspects cognitifs, affectifs et relationnels, et des facteurs contextuels qui ont trait aux relations entre la personne et son environnement. Ces facteurs sont en évolution constante et s’intègrent de façon dynamique chez la personne. (p. 9)[2]

Après avoir lu ces définitions, il est assez facile de constater que de nombreux éléments influencent nos capacités à maintenir une bonne santé mentale. Voici ce qu’en dit l’OMS :

Des facteurs sociaux, psychologiques et biologiques multiples déterminent le degré de santé mentale d’une personne à un moment donné. Ainsi, des pressions socio-économiques persistantes sont des facteurs de risque reconnus pour la santé mentale des individus et des communautés. Les données factuelles qui l’attestent le mieux sont les indicateurs de pauvreté, notamment les faibles niveaux d’instruction.

Les problèmes de santé mentale sont également associés aux éléments suivants : changement social rapide ; conditions de travail éprouvantes ; discrimination à l’égard des femmes ; exclusion sociale ; mode de vie malsain ; risques de violence ou de mauvaise santé physique ; et violations des droits de l’homme.

Par ailleurs, certains profils psychologiques et certains traits de personnalité prédisposent aux troubles mentaux. Enfin, les troubles mentaux peuvent être dus à des causes biologiques, notamment à des facteurs génétiques qui contribuent à des déséquilibres chimiques du cerveau. [3]

Il y a une trentaine d’années, le Comité de la santé mentale du Québec formulait lui aussi une liste de déterminants qui affectent la santé mentale des personnes :

La santé mentale est liée tant aux valeurs collectives dominantes dans un milieu donné qu’aux valeurs propres à chaque personne. Elle est influencée par des conditions multiples et interdépendantes telles que les conditions économiques, sociales, culturelles, environnementales et politiques.

Toute condition qui nuit à l’adaptation réciproque entre la personne et son milieu, par exemple la pauvreté, la pollution ou la discrimination, constitue un obstacle à la santé mentale.

À l’inverse, toute condition qui facilite cette adaptation réciproque, telle la distribution équitable de la richesse collective, l’accès à une éducation de qualité́ ou à un environnement sain, favorise et soutient la santé mentale. Dans cette perspective, la santé mentale peut également être considérée comme une ressource collective, à laquelle contribuent tout autant les institutions sociales et la communauté entière que les personnes considérées individuellement.

Dans notre époque plus récente, certains éléments ont pris plus d’importance et influencent la santé mentale. L’accès légal à l’alcool, aux jeux de hasard et au cannabis s’est intégré dans la société sans toujours mettre de l’avant la prévention auprès des gens les plus fragiles. Après l’essor de l’écrit, de la radio, de la télévision, l’internet amène de nouveaux enjeux pour la santé mentale et physique. Même le développement du cerveau des nouvelles générations change.[4]

L’expansion de l’internet dans plusieurs sphères de notre quotidien crée une nouvelle façon de vivre en société qui demande des apprentissages, des outils comme un ordinateur ou un téléphone intelligent et un accès au réseau internet. Cette évolution accélérée touche les relations sociales, la recherche d’un ou d’une conjointe, les études, le travail, la santé, la consommation, les médias, les déplacements, les voyages, les arts et plusieurs autres activités… Alors que l’information voyage presque instantanément, les personnes qui vivent sans communiquer avec le réseau internet sont placées en marge de la société.

Ceux qui sont nés « dedans », en explorant dès le plus jeune âge les multiples propositions, peuvent s’y perdre ou devenir accroc, particulièrement avec les jeux, la pornographie ou des sites dans la partie sombre de l’internet. Les réseaux sociaux ont créé de nouvelles incitations qui peuvent devenir autant de sources de pression sociale. L’interconnexion presque permanente et exclusive entre des personnes de la même famille ou entre individus partageant les mêmes idées crée des systèmes de relations fermées. L’anonymat relatif, la création d’avatars, la possibilité d’idéaliser sa réalité, de mentir ou d’exprimer des propos extrémistes sans être identifiable peuvent aussi créer des situations difficiles dans l’évolution des personnes.

D’autres sujets contemporains peuvent modifier la vie de certaines personnes de notre entourage au point d’altérer leur santé mentale. L’instabilité, les tensions et les guerres en politique internationale affectent le quotidien de millions de personnes provoquant des mouvements de populations. Souvent traumatisés, ces gens deviennent des réfugiés ou des immigrants dont une partie arrive dans notre pays.

Les changements économiques mondiaux remanient les économies locales, en relocalisant des emplois par exemple, entraînant du chômage dans le pays d’origine. Nous sommes passés de l’écologie, activité militante marginale il y a une quarantaine d’années, à un vaste et fervent mouvement social pour sauver la planète, qui se transforme émotivement en écoanxiété pour certains de ceux et celles qui sont inquiets de notre avenir collectif.

Ces exemples montrent la grande étendue des problèmes, troubles ou maladies mentales.

[1] La santé mentale : renforcer notre action. (OMS)

https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/mental-health-strengthening-our-response

[2] AVIS SCIENTIFIQUE SUR LES INTERVENTIONS EFFICACES EN PROMOTION DE LA SANTÉ MENTALE ET EN PRÉVENTION DES TROUBLES MENTAUX, page 9 https://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/789_Avis_sante_mentale.pdf

[3] La santé mentale : renforcer notre action. (OMS)

https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/mental-health-strengthening-our-response

[4] Le cerveau reste le même, mais ce sont les circuits utilisés qui changent. Face aux écrans, et du coup dans la vie, les natifs du numérique ont une sorte de TGV cérébral, qui va de l’œil jusqu’au pouce sur l’écran. Ils utilisent surtout une zone du cerveau, le cortex préfrontal, pour améliorer cette rapidité de décision, en lien avec les émotions. Mais cela se fait au détriment d’une autre fonction de cette zone, plus lente, de prise de recul, de synthèse personnelle et de résistance cognitive.

https://www.sciencesetavenir.fr/sante/generation-z-le-cerveau-des-enfants-du-numerique_18861

« Ce dont on se rend compte, c’est que les enfants qui passent trop de temps sur les tablettes ont de la difficulté à se dessiner, même à l’âge de 7 ou 8 ans. Ils dessinent de grosses patates, ou des bonshommes allumettes, car ils ont de la difficulté à représenter leur corps dans l’espace », indique M. Monzée. Un enfant qui n’a pas assez couru, culbuté, dessiné ou découpé, parce qu’il passait le temps devant l’écran, se dirige droit vers des difficultés d’apprentissage dès la maternelle.

« L’objectif, c’est pas de mettre les écrans à la poubelle. Ils sont très utiles dans nos vies et peuvent même aider à faire des apprentissages. C’est vraiment quand l’écran devient le loisir le plus important que c’est néfaste », explique M. Monzée. Dans sa pratique, celui-ci remarque que les familles qui décident de diminuer le temps d’écran à la maison voient leurs enfants avoir de nouveau le goût de vivre la vie de famille et aussi la vie de classe, en interaction avec les autres.

https://www.lesoleil.com/actualite/education/la-sante-du-cerveau-menacee-par-les-ecrans-b56eb5b4566d983578f389b5ae6576cb

+ multiplication de l’identité, façon de se définir, pression sociale

Problèmes, troubles ou maladies mentales

Notre équilibre mental se maintient au fil des événements que nous vivons. Cet équilibre peut être rompu pour de nombreuses raisons : la santé du corps influence celle de l’esprit et l’inverse est aussi vrai. Il y a une gradation dans l’intensité du déséquilibre momentané ou à plus long terme que vit la personne.

L’expression « problème de santé mentale » est souvent utilisée pour désigner d’une façon globale les comportements apparemment erratiques ou déraisonnables d’une personne qui traverse difficilement une épreuve ou un moment dans sa vie. Cette expression peut laisser sous-entendre que la personne est la seule responsable de sa situation ce qui est rarement le cas. Les expressions « problème d’adaptation sociale » et « problème psychosocial » donnent une perspective plus large de situations sociales dans lesquelles certaines personnes pourront s’épuiser et finalement développer de la détresse psychologique ou un trouble mental alors que d’autres réussiront à maintenir un équilibre malgré tout.

L’expression « problème psychosocial » désigne une perturbation des rapports entre la personne et son environnement. Cette perturbation prend des formes multiples d’expression et découle notamment de conditions de vie difficiles tels la pauvreté et l’isolement. Ils s’expriment au sein d’un milieu et en lien avec la dynamique de celui-ci. Cette expression désigne une situation quand on ne peut déterminer ce qui est la cause du problème entre les capacités d’un individu et ce que la société dans laquelle il vit lui offre comme possibilités. Pensons à un logement par exemple. Malgré toutes la bonne volonté, l’intelligence et les meilleures capacités d’une personne, il n’y a pas toujours de logements sains et abordables qui sont offerts dans un territoire donné.

On peut parler de « problèmes d’adaptation sociale » pour des événements stressants comme la maladie grave d’un proche, la perte d’un être cher ou des comportements perturbateurs (rupture amoureuse, violence conjugale ou abus sexuel) qui amènent à des ruptures. Certaines personnes vont avoir la capacité de maintenir un équilibre dans ce changement alors que d’autres seront perturbées au point d’avoir de la difficulté à maintenir leurs activités quotidiennes. Elles auront de la difficulté à s’adapter. Un soutien psychologique sera alors nécessaire.

La « détresse psychologique » est distincte des troubles mentaux.

« La détresse psychologique est à l’ensemble de la santé mentale ce que la fièvre est à l’ensemble des maladies infectieuses : un symptôme mesurable, signe évident d’un problème de santé, mais qui ne peut à lui seul éclairer sur l’étiologie et la sévérité́ du problème auquel il se rattache » (Perrault, 1987, p. 14). Elle provient généralement d’une surcharge ou d’une trop grande intensité́ de stress et peut prendre quatre formes : états dépressifs, anxiété, troubles cognitifs et irritabilité (Desmarais et autres, 2000). [1]

Un « trouble mental » peut être défini comme une maladie caractérisée, qui peut être diagnostiquée et qui entraîne une détérioration marquée des capacités cognitives, affectives ou relationnelles de l’individu. Il est admis que ces troubles émergent à un point d’interaction entre les facteurs biologiques, psychologiques, sociaux et culturels. Il peut être transitoire ou permanent et modéré ou grave. Dans le Plan d’Action en Santé mentale (PASM) 2005-2010, on peut y lire ces précisions :

Les troubles mentaux sont dits modérés s’ils répondent à certains critères de diagnostic, sont suffisamment importants pour entraver le fonctionnement habituel d’un individu et nécessitent un traitement, selon les standards professionnels largement reconnus. Les troubles mentaux modérés sont donc généralement moins handicapants que les troubles mentaux graves. Par contre, ils sont beaucoup plus fréquents. De plus, on observe qu’ils sont en voie d’augmentation.

Les troubles mentaux sont qualifiés de graves lorsqu’ils sont associés à un niveau d’incapacité qui interfère de façon significative dans les relations interpersonnelles, les compétences sociales de base et la capacité fonctionnelle dans la production d’un travail. Une incapacité (suivie, prolongée ou durable) dans au moins l’un de ces trois domaines majeurs de la vie constitue un indice pour reconnaître ce que nous entendons par troubles mentaux graves.

Au Québec, comme ailleurs dans le monde, de 2 à 3 % de la population adulte a un trouble mental grave. Environ 150 000 à 200 000 adultes québécois, incluant des personnes âgées, vivent donc avec les conséquences importantes qu’engendrent ces problèmes de santé.[2]

Pour plusieurs maladies physiques, un test sanguin, un électrocardiogramme, un scanneur ou un autre moyen permettent d’identifier la plupart du temps le type de maladie, son étendue et des indices quant aux meilleurs traitements à proposer à la personne. Pour évaluer l’état de la santé mentale d’une personne, il n’existe pas encore de tests fiables pour détecter d’éventuels marqueurs physiques des maladies mentales. La recherche médicale a quand même permis des avancées et dans certaines situations, des données physiques (détection de drogues ou de tumeur par exemple) permettront de conclure un diagnostic.

D’autres recherches ont permis d’élaborer des tests psychologiques fiables pour identifier certains problèmes. Les comportements de la personne peuvent être vus et analysés comme des symptômes possibles d’un trouble mental.

L’Association américaine de psychiatrie publie un Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) dont la cinquième édition date de 2013. Ce manuel[3] est un outil regroupant des symptômes afin d’évaluer si une personne vit avec un trouble de santé mentale et de déterminer le ou lesquels. Il demeure une partie subjective dans le processus menant au diagnostic qui peut faire qu’à l’occasion trois spécialistes évaluant la situation d’une personne en arrivent à des conclusions différentes. La situation peut aussi évoluer et amener les personnes professionnelles qui évaluent à changer leurs diagnostics.

Aider une personne qui souffre à retrouver une bonne santé mentale demande une intervention personnalisée tant au niveau psychologique, social que médical. Selon la situation, la personne pourrait avoir besoin d’aide dans différents pans de sa vie : études, travail, habitation, loisirs, sports, respect des droits, etc.

[1] Rapport d’appréciation de la performance du système de santé et de services sociaux 2012 sur le secteur de la santé mentale. Commissaire à la santé et au bien-être, p. 18 https://www.csbe.gouv.qc.ca/fileadmin/www/2012/SanteMentale/CSBE_EtatSituation_SanteMentale_2012.pdf

[2] Plan d’Action en santé mentale 2005-2010, p. 40 : https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2005/05-914-01.pdf

[3] Pour trouver une présentation succincte du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) :

http://www.psychomedia.qc.ca/dsm-5/2013-05-22/guide-psychomedia

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Aider une personne à retrouver sa santé mentale

Bien comprendre ce que vit une personne à un moment donné de sa vie n’est pas une affaire facile. Est-ce que ce collègue vit simplement un deuil qui se prolonge ou vit-il une dépression ? Quand cette autre personne me dit qu’elle entend distinctement des voix dans son appartement, parle-t-elle de son voisinage ou de voix intérieures ? Et ce proche qui vend tous ses avoirs avec le projet d’aller en Amazonie à la recherche d’une civilisation perdue, est-il sain d’esprit ? Que penser de la santé mentale de cette jeune androgyne de noir vêtu, refermée, pessimiste, vivant la nuit et citant des poètes ou ses propres vers qui ne sont apparemment pas compréhensibles ?

Ces quelques questions en appellent de dizaines d’autres afin de clarifier la situation de chacune de ses personnes. On voudra déterminer jusqu’à quel point la personne est consciente de sa situation, si elle en souffre. Dort-elle la nuit ? Est-ce qu’elle mange ? On voudra savoir ce qu’elle fait et ce qu’elle veut faire.

Certaines personnes ne reconnaîtront pas vivre un problème de santé mentale. La personne ne veut pas ou ne peut pas voir sa situation. La perception de la réalité peut être altérée par des délires et des hallucinations ou encore la honte ou une forte émotion peuvent l’empêcher de se voir dans sa situation réelle. Une loi a été créée pour intervenir exceptionnellement dans ces situations : la Loi[1] sur la protection des personnes dont l’état mental présente un danger pour elles-mêmes ou pour autrui, souvent nommée P-38 dans le jargon. L’application de cette démarche légale oblige la personne visée à être soumis à une évaluation psychiatrique en étant placée sous la garde de l’hôpital. Comme la personne visée n’est généralement pas consentante, la loi prévoit quels droits elle conserve dans les circonstances. Des associations de parents et proches et des organismes en défense des droits aident les personnes dans leurs démarches[2].

[1] L’intégrale de la loi sur la protection des personnes dont l’état mental présente un danger pour elles-mêmes ou pour autrui : http://legisquebec.gouv.qc.ca/fr/showDoc/cs/P-38.001?&digest=

[2] Voir la section « Comment exercer ses droits en tant que citoyen et participer à la gouvernance démocratique des services publics et communautaires ? »

Stigmatisation

Lorsqu’est établie la nature du problème ou du trouble de santé mentale, le réflexe est souvent de regarder les effets négatifs de la situation en négligeant les forces positives de la personne. On imaginera cette personne « incapable » de réaliser quoique soit et, dans les plus pessimistes visions, on confondra sa situation avec celle des personnes vivant avec une importante déficience intellectuelle. Quand la personne qui vit des problèmes de santé mentale est très sensible à la stigmatisation et à ses conséquences, elle évitera aussi longtemps que possible d’utiliser l’évaluation de sa situation, particulièrement en psychiatrie. Elle ne veut pas que le fait d’avoir un dossier médical psychiatrique puisse nuire à sa vie.

Une personne n’est pas une maladie. Peu de gens vont se présenter socialement comme étant diabétiques. Ce problème de santé va apparaître occasionnellement dans les échanges sociaux quand une situation se présente (sujet de conversation, malaise physique, etc.) et va parfois donner lieu à un partage d’expériences.

Les gens qui vivent avec une maladie mentale devraient pouvoir vivre la même chose. Souvent, ce n’est pas le cas. Les préjugés et la stigmatisation font en sorte que trop souvent encore, une personne qui parle d’un diagnostic de maladie mentale est ostracisée. La conversation change. Parfois la personne perd instantanément toute crédibilité. Les gens ne voient plus ses qualités, ses habiletés, ses forces.

Heureusement, les mentalités changent. Les médias, la télévision, le cinéma présentent plus souvent qu’avant des personnages qui démystifient les gens aux prises avec un trouble de santé mentale. Par contre, malheureusement, la violence et la maladie mentale sont encore bien associées autant dans l’actualité que dans les histoires qu’on nous raconte en romans, en films ou en téléséries.

Rétablissement

De nos jours, les intervenants-intervenantes du milieu de la santé mentale vont miser sur les talents et compétences de la personne (et pas seulement scolaires !) afin qu’elle fasse un parcours de rétablissement. La notion de rétablissement influence beaucoup l’aide proposée aux gens vivant avec un problème ou un trouble de santé mentale.

Voici ce qu’on peut lire sur le site de la Commission sur la santé mentale du Canada[1] :

Dans le domaine de la santé mentale, le « rétablissement » fait référence à la possibilité de mener une vie satisfaisante, valorisante et nourrie par l’espoir en dépit des inconvénients causés par les maladies et les problèmes en lien avec la santé mentale. Le processus de rétablissement s’inspire des forces de la personne, de sa famille, de sa culture et de sa collectivité. Il peut être favorisé par de nombreux types de services, de mesures de soutien et de traitements.

Les principes qui sous-tendent le rétablissement, comme l’espoir, la dignité, l’autodétermination et la responsabilité, peuvent être adaptés à la réalité des différents stades de la vie et à l’éventail complet des maladies et des problèmes associés à la santé mentale. Le rétablissement est non seulement possible, mais il faut s’y attendre.

Les regroupements de personnes ayant vécu la maladie mentale prônent le rétablissement depuis des décennies. Cette approche a été adoptée par des praticiens, des fournisseurs de services et des décideurs au Canada et à l’étranger. On reconnaît désormais qu’il s’agit d’un élément essentiel pour améliorer l’état de santé mentale ainsi que les systèmes de santé mentale.

Dans la pratique axée sur le rétablissement, les fournisseurs de services prennent des décisions, de concert avec les personnes ayant connu la maladie mentale. Ils leur offrent un vaste éventail de services et de mesures de soutien pour les aider à atteindre leurs buts et répondre à leurs besoins.

Les démarches axées sur le rétablissement reposent sur deux piliers :

  • Reconnaître que chaque personne est unique et qu’elle a le droit de déterminer son cheminement vers un meilleur état de santé mentale et de bien-être.
  • Comprendre que nous vivons dans des sociétés complexes où de nombreux facteurs (biologiques, psychologiques, sociaux, culturels et spirituels) se croisent et influent sur la santé mentale et le bien-être.

[1]https://www.mentalhealthcommission.ca/Francais/ce-que-nous-faisons/retablissement

On trouve d’autres définitions du rétablissement et plus de détails aux liens suivants :

http://www.douglas.qc.ca/info/retablissement-sante-mentale

https://alpabem.qc.ca/retablissement-en-sante-mentale-cest-quoi-ca/

https://aqrp-sm.org/wp-content/uploads/2013/05/partenaire-v15-n1.pdf

https://aqrp-sm.org/wp-content/uploads/2013/05/partenaire-v15-n2.pdf

https://aqrp-sm.org/wp-content/uploads/2014/12/colloque-xviie-a04-atelier.pdf

Demander de l’aide

La recherche d’aide et de solutions ne passe pas toujours par la psychiatrie. Pour plusieurs problèmes psychosociaux ou d’adaptation sociale, trouver un ou une psychologue et parler de ses problèmes peut amener des changements positifs. On peut être soulagé de découvrir dans un groupe d’entraide qu’on n’est pas seul au monde avec tel type de problème et les échanges peuvent aider à trouver des pistes de solutions. Découvrir un comptoir alimentaire communautaire pour manger mieux à moindre coût peut diminuer les tensions familiales. De très nombreux organismes offrent gratuitement ou à peu de frais de l’aide pour améliorer les conditions de vie.

La découverte ou la confirmation d’un trouble de santé mentale a beaucoup d’impact sur les parents et les proches de la personne. Souvent, la situation s’est dégradée progressivement au point d’être socialement invivable. Les proches ont tenté d’aider la personne au meilleur de leur capacité avec peu de succès ou ceux-ci ont été bien temporaires. L’aide professionnel devient essentiel autant pour la personne que pour les parents et proches pour mieux comprendre la situation. L’entourage découvrira des outils pour eux-mêmes et pour aider la personne. Les proches pourront trouver leurs possibles rôles dans le rétablissement de la personne.